Présentation
La Villa Garnier
Victor Garnier, notable de la ville, tel qu’on en trouve au XIX ͤ siècle, a légué à la commune sa propriété en demandant que le jardin devînt jardin public et que le petit hôtel particulier, construit au début du siècle sur l’emplacement d’une congrégation religieuse démantelée lors de la période révolutionnaire, abritât la bibliothèque et le musée de la ville.
Les collections muséographiques ont aujourd’hui rejoint le Musée de Provins et du Provinois, sis à la Maison Romane, une bibliothèque de lecture publique accueille les fonds contemporains Rue des Marais, et la Villa Garnier abrite le Fonds Ancien de la bibliothèque municipale et les Archives municipales (les imprimés antérieurs à la Seconde Guerre Mondiale, un fonds local de plus de 3000 titres et les archives communales), soit l’ensemble des collections d’imprimés anciens et d’archives anciennes de la Ville.
Les chercheurs ont accès à ces trois sites, ainsi qu’aux collections déposées par la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins, association à caractère privé déclarée d’utilité publique, fondée en 1892.
A la Villa Garnier, trois salles sont mises à la disposition du public pour la consultation du fonds ancien et des archives communales. Elles accueillent aussi les imprimés des XIX ͤ et XX ͤ siècles.
Le Fonds Ancien de la Bibliothèque
Origine et constitution du fonds patrimonial
En 1681, le supérieur de l’abbaye de Saint Jacques, François d’Aligre (1630-1712), offre à Provins sa bibliothèque personnelle de dix mille volumes, tant imprimés que manuscrits, à la condition que ce fonds soit conservé à l’abbaye.
Après la Révolution, cette bibliothèque est transférée à l’Hôtel de Ville, et les fonds confisqués à huit institutions religieuses locales y sont agrégés. En 1821, un incendie ravage le bâtiment et seule une petite partie des ouvrages est alors sauvée. Mais en 1836 le fonds est reconstitué et ce qui n’a pas brûlé est complété par des rachats de livres. L’accroissement se poursuit tout au long des XIX ͤ et XX ͤ siècles par divers dons, legs et acquisitions qui permettent de reconstituer progressivement une chaîne documentaire continue sur l’histoire de Provins du XII ͤ siècle à nos jours.
L’ensemble des collections, encyclopédiques ou patrimoniales, comprend à ce jour 100 000 documents, imprimés : 16 titres de périodiques régionaux de 1838 à nos jours, plus de 1000 manuscrits de 1137 à nos jours, 11 incunables, 350 volumes du XVI ͤ siècle, environ 3000 volumes du XVII ͤ siècle et 8000 du XVIII ͤ siècle, le reste datant du XIX ͤ et du début du XX ͤ.
Parmi les œuvres exceptionnelles conservées au Fonds Ancien : un antiphonaire du XIII ͤ, quelques livres à peintures du XIV ͤ au XVII ͤ siècle, deux éditions rares incunables – un Térence imprimé à Lyon en 1491 par Mathias Huss et un livre d’heures imprimé vers 1497 par Thielman Kerver – la custode du XIV ͤ siècle, écrin gainé de cuir décoré de rinceaux de feuilles d’aristoloches, de monstres hybrides et de médaillons, renfermant une charte de 1176, quelques unica d’éditions parisiennes du XVI ͤ siècle parmi lesquels les Heures de Notre-Dame imprimées à Paris par Geoffroy Tory en 1531.
Le noyau du fonds plus récent est principalement constitué du fonds de l’abbé Pierre Nicolas Ythier (1738-1809), doyen du chapitre de Saint Quiriace, complété au XIX ͤ par le fonds des frères Félix et Emile Bourquelot qui se sont attachés à développer les collections et la connaissance de l’histoire provinoise. Félix Bourquelot (1815-1868) et Emile Bourquelot (1824-1896), ont légué l’intégralité de leurs bibliothèques et papiers personnels.
Viennent s’ajouter les fonds:
Maximilien Michelin (1788-1863), bourgeois provinois, médecin et collectionneur, particulièrement riche en manuscrits touchant l’histoire de Provins.
Lebrun provient de Pierre-Antoine Lebrun (1785-1873), membre de l’Académie française et de la Chambre des Pairs.
Marie-Jules-César Lelorgne de Savigny (1777-1851), naturaliste, membre de l’expédition de Bonaparte en Egypte, et membre de l’Institut d’Egypte.
André Lefèvre (1834-1904), archiviste-paléographe et professeur à l’Ecole d’anthropologie avec en particulier un livre et un album sur la vallée du Nil avec des photographies originales de 1863.
Justin Bellanger (1833-1917), bibliothécaire, littérateur et chroniqueur dans les journaux locaux.
Emile Dodillon (1814-1914), vétérinaire épris de littérature, collectionneur d’autographes.
Les Collections
Les Collections d’imprimés
Ouvrages liturgiques : 370 ouvrages recensés dans le catalogue Molin (1992), soit 124 bréviaires et extraits du XII ͤ au XVIII ͤ siècle, 92 pontificaux, rituels et extraits du XVI ͤ au XVIII ͤ siècle, 80 missels et extraits du XIII ͤ au XVIII ͤ siècle, 30 ordinaires et cérémonials du XIV ͤ au XVIII ͤ siècle, quelques livres d’heures, des paroissiens, quelques livres liturgiques non catholiques, des traités, des commentaires liturgiques et des ouvrages d’histoire.
Livres du XVI ͤ siècle : En dehors des ouvrages liturgiques mentionnés ci-dessus, il comporte beaucoup d’auteurs latins et grecs, des livres d’histoire, quelques ouvrages de médecine (dont un Ambroise Paré avec planches) et les œuvres d’un astronome-astrologue provinois, Christophe Lauret.
Livres du XVII ͤ siècle : Nombreux ouvrages de philologie, littérature classique, philosophie grecque, histoire sainte et de l’antiquité. Il s’y trouve un peu de science, de médecine et de pharmacologie (dont la Pharmacopée royale de Moïse Charas, 1676) et des vies de saints. L’ensemble constitue une bonne illustration d’une bibliothèque classique et religieuse en raison de la provenance des fonds, pour une grande part du collège ou des institutions religieuses locaux. L’informatisation du catalogue est en cours.
Livres et journaux du XVIII ͤ siècle : Les ouvrages couvrent tous les domaines de la production intellectuelle de l’époque : science, droit, architecture, géographie, récits de voyage, agriculture et science vétérinaires, ainsi que presque tous les dictionnaires du XVIII ͤ siècle. Une centaine de recueils factices de pièces de la seconde moitié du siècle, une collection de près d’un millier d’œuvres comprenant pièces de théâtre proprement dites, opéras bouffe et comédies ballets.
Livres, périodiques et placards du XIX ͤ siècle : Un important fonds constitué de témoignages sur la guerre de 1870, ouvrages rédigés par les civils comme par des militaires et une collection de périodiques de l’époque et de certains imprimés clandestins parisiens, dont la rare collection des Nouvelles du jour.
Les Collections d’archives
Les séries d’archives représentent un total d’environ 10 m linéaires pour les séries anciennes (des origines à 1790), 100m linéaires pour les séries modernes (1790-1940) et 1800 m linéaires pour les séries contemporaines (1940 à nos jours).
XII ͤ -XV ͤ siècles : Plus de 400 chartes couvrent des domaines variés : revenus, rapports des comtes avec les serfs ou les propriétés des diverses institutions mais aussi avec la « Commune de Provins », institutions religieuses établies aux alentours tels les Templiers (ms 56), les Cisterciennes, l’abbaye de Faremoutiers (ms 51), le Paraclet (Abélard a enseigné à Provins), la léproserie de Close-Barbe.
Etat-civil : Le fonds ancien dispose des registres dits de catholicité (baptêmes, mariages et sépultures) pour les quatre paroisses de la ville : Saint-Quiriace, Saint-Pierre, Saint-Ayoul et Sainte-Croix.
XVI ͤ siècle : Deux importants ensembles présentent un intérêt pour ce siècle. Le fonds Rivot, nommé d’après Claude Rivot, maire de Provins (1702-1784). On y trouve six volumes manuscrits dits « d’anecdotes » : ce sont des chroniques de l’origine de la ville jusqu’à l’époque contemporaine du rédacteur et le fonds Ythier (déjà cité). Ythier a sauvegardé la mémoire de documents ayant disparu dès son époque (XVIII ͤ siècle, début XIX ͤ siècle).
XVIIe siècle : Le Fonds Eustache Grillon (1637-1675, médecin), mss 42-43, 93, comporte une histoire des comtes de Brie et Champagne, une importante histoire de l’Hôtel-Dieu et de nombreuses copies de documents sur son ordre et les chanoines du Grand Saint-Bernard et le fonds Louis Ruffier (1642-1719, maire de Provins et apothicaire).
XVIII ͤ siècle et Révolution française : Le fonds Charles-Jean Duduit de Maizières (1727-1782). Cette collection illustre l’activité et les intérêts d’un académicien de province, le fonds François de Baculard d’Arnaud (1718-1805), écrivain, poète et dramaturge, qui contient des manuscrits de ses œuvres et des papiers personnels.
Une mention spéciale doit être accordée à la très importante collection sur la Révolution française qui n’a pas été exploitée car elle n’a pratiquement pas été consultée. On trouve aussi de nombreux tirés à part de libelles, journaux, bulletins des Amis de la constitution ainsi que des placards et de petites feuilles imprimées par l’imprimeur provinois Michelin.
XIX ͤ et XX ͤ siècles : Les fonds d’archives du XIX ͤ et du XX ͤ siècles sont surtout riches dans la série ancienne des archives communales conservées au Pavillon des Arbalétriers et dans le fonds des manuscrits de la bibliothèque : le fonds de l’abbé Nicolas Pasques (1744-1830) comprenant des manuscrits de cet ancien curé de Vénisy (Yonne), puis vicaire de Sainte-Croix, secrétaire de la Société d’agriculture, et historien de Provins. Le fonds Emile Dodillon, fonds Félix Bourquelot…
La série « Arbalétriers » (archives communales) est particulièrement fournie pour les XIX ͤ et XX ͤ siècles jusqu’en 1940.
L’état civil est complété par les registres d’enfants trouvés et abandonnés avec procès-verbaux des prises en charges (1816-1868).
La gestion communale est présenté sous toutes ses manifestations, depuis la comptabilité municipale, la gestion des biens communaux, les constructions et entretien du bâti et des infrastructures urbaines (travaux publics, éclairage public, chemin de fer de la ligne Paris-Mulhouse), jusqu’aux documents relatifs à l’exercice de représentativité locale (élections municipales, législatives, consulaires, sénatoriales – chambre et tribunaux de commerce, chambre départementale d’agriculture).
Les données économiques, les archives des affaires militaires, Provins ayant été ville de garnison jusqu’à la fin du XX ͤ siècle, sont particulièrement fournies, pour la fin du XVIII ͤ et pour le XIX ͤ siècle. Les archives relatives aux deux guerres, celle de 1870 et celle de 1914, peuvent présenter un certain intérêt.
La police locale et la police générale sont également représentées par certaines séries. Pour la justice, un dossier de jugements criminels couvre la période 1792-1811.
L’histoire sociale et médicale pourrait s’intéresser à diverses sources sur la salubrité publique.
Pour ce qui est des cultes, il subsiste un ensemble de documents consécutifs à la séparation des Eglises et de l’Etat. Enfin, un fonds d’affiches et de programmes des représentations théâtrales données dans les divers établissements de Provins de 1815 à 1875.
Les séries contemporaines à proprement parler couvrant tous les domaines de l’activité municipale, sont consultables dans la limite des dispositions fixées par la loi sur la communication des archives administratives.